
Bibliothèque de l'Alcazar
Bibliothèque de l'Alcazar - Salle de conférence
Le 21/09/2023
De 15h30 à 17h00
Intervenante·s



Qu'est-ce qui distingue, ou rapproche, ces lieux de la contre-culture punk à Pékin et à Marseille ?
L’utopie traverse de différentes manières l’espace du monde sinophone. Elle traverse notamment l’histoire de la République populaire de Chine par les tentatives, depuis le milieu du XXe siècle, de réalisation effective d’un projet utopique. Ces tentatives n’ont pu s’imposer sans recours à la violence ni privation de la liberté individuelle, et donc déni de tout élan utopique. Elle a fait surgir depuis les années 1980 des œuvres littéraires, fictions utopiques revenant de manière ironique sur des épisodes historiques passés et les imaginant à nouveaux frais comme porteurs d’une utopie contestataire au regard de l’utopie officielle alors imposée. Depuis le mitan des années 1990, elle s’incarne dans des espaces, marginaux à plusieurs titres, où de nouvelles formes de vie et d’expression sont expérimentées et désignées par les acteurs comme utopiques : utopiques car imaginées par celles et ceux qui les testent et qui les reconfigurent sans cesse, loin des critères officiels ; utopiques car manifestant en elles-mêmes la possibilité et la liberté, malgré tout, d’imaginer précisément - pour revenir une nouvelle fois à l’argumentaire - « un monde autre et meilleur ».
De ces espaces, les groupes musicaux punk, dont Nathanel Amar est l’un des meilleurs connaisseurs, sont aujourd’hui un exemple. De fait, les punks mettent en avant un discours de vérité – une opération particulièrement complexe dans la Chine contemporaine, qui implique l’invention de formes d’expressivité singulières pour faire fi des différentes formes de dénis ou de fictions que portent le récit officiel. Ils investissent également des espaces à la dimension utopique revendiquée. Ces bâtiments (parfois baptisés ironiquement « Centre social pour la jeunesse », ou « Notre maison ») constituent à la fois des lieux d’échanges d’information et notamment d’écrits alternatifs, centres de conférences, des scènes où jouer et des lieux où vivre ensemble. Souvent provisoires car voués à se déplacer au gré des transformations et contraintes de leur environnement, ces lieux ne cessent de se renouveler et d’inventer de nouvelles expressions de l’utopie dans le monde sinophone.
productions ayant inspiré l'événement
— Nathanel Amar, Scream for Life. L’invention d’une contre-culture punk en Chine contemporaine, Presses universitaires de Rennes, 2022.
structures porteuses
Centre d'études sur la Chine Moderne et Contemporaine - CECMC (CNRS/EHESS)
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